Histoire

I.  La période semi-légendaire

Comme toute vieille nation, le Vietnam a sa légende, sa toute première légende qui fait remonter les origines de la race dans la nuit des temps.
A en croire les Annales, le roi , illustre descendant des Hông-Bàng, de la lignée des dragons (animal fabuleux des mers du Sud et considéré comme le totem majeur des premiers Viêt) se maria avec une immortelle, nommée Au-Co, descendante des génies de la montagne.
De cette union, naquirent cent garçons tous beaux et forts. Après cet heureux événement, le prince et la fée, conscients de la fugacité de l’existence et de la brièveté inéluctable du bonheur humain, résolurent de se quitter. Au-Co partit alors vers la montagne avec cinquante de leurs enfants.
Les autres suivirent leur père vers les rivages des mers du Sud. Cette dissémination permit la naissance des CENT principautés Viêt (Bach Viêt), réparties sur une zone très vaste comprise entre le Fleuve Rouge au Nord, le Champa au Sud, la mer de Chine à l’Est et le Tseu Tchouan à l’Ouest.
De toutes ces principautés, la plus dynamique et la mieux organisée semblait être le Lac-Viêt, ou Van-Lang, littéralement le Pays des lettrés, dont l’étendue correspondait à l’actuel Nord Vietnam et à la partie septentrionale du Centre Vietnam.
En 257 avant JC, le roi An-Duong, descendant des Thuc régnant sur le royaume de Tây-Au, l’actuel Yunnan, furieux de s’être vu refusé la main d’une princesse vietnamienne, leva une armée et entreprit l’annexion du Lac-Viêt. Il en fit le royaume de Au-Lac, (raccourci de Tây-Au et Lac-Viêt). Le roi An-Duong régna jusqu’en 208 avant JC grâce à la protection d’une citadelle en forme de spirale, appelée Loa-Thành, construite avec le concours divin de la Tortue d’Or, qui dota l’armée vietnamienne d’une arbalète à tir automatique, et dont la gâchette est constituée par une griffe offerte par la Tortue elle-même.
En 258, le Général Triêu-Dà (Tchao-To), qui régnait sur le Nam-Viêt, une des cent principautés Viêt de la zone côtière, et située au Nord-Est de l’actuel Tonkin, soumit le royaume d’Au-Lac, grâce à un subterfuge matrimonial.
Un semblant de mariage entre son fils Trong-Thuy et la Princesse My-Châu, fille du roi An-Duong, permit d’abord la subtilisation de la fameuse gâchette, et ensuite la conquête de la citadelle aux neuf enceintes, réputée jusqu’alors inexpugnable. La dynastie des Triêu régna jusqu’en 111 avant JC, date d’établissement de la première domination chinoise.

II.  La domination chinoise

La domination chinoise, qui dura à peu près 1.000 ans, de 111 avant JC à 938 après JC, peut être divisée en quatre périodes distinctes :

– Première domination chinoise (111 av. JC – 43 ap. JC). 
Le Général chinois Lou Po-to (Lô-bac-Duc) détruit le royaume de Nam-yue (Nam-Viêt) en 111 av. JC. Le protectorat chinois est établi sur le Tonkin (Giao-Chi). En 39-43 ap. JC révolte des soeurs Trung-Trac, Trung-Nhi, héroïnes nationales du Viêt-Nam.

– Deuxième domination chinoise (44-543 ap. JC). 
Période des grands gouverneurs chinois civilisateurs : Si-Nhiêp, Tich-Quang, Sinisation du Viêt-Nam (appelé alors: Giao-Chi, puis Giao-Châu). Formation du Lin-Yi, noyau du futur Champa. Campagnes des Chinois contre le Champa.

– Dynastie des Ly antérieurs (544-602) 
Période confuse. Les Chinois se maintiennent, malgré plusieurs dynasties vietnamiennes éphémères et parfois rivales : Ly antérieurs. Triêu postérieurs. Ly postérieurs. Légende de la résistance de Ly-Nam-Dê au Lac de la Nuit. Le royaume reçoit le nom de Van-Xuân, puis de Viêt.

– Troisième domination chinoise – (603- 938) 
Sinisation de plus en plus forte du pays qui reçoit les noms de An-nam-dô-hô-phu (Protectorat Général d’Annam) ; Trân-nam- dô-hô-phu (Protectorat général du Trân- Nam). Les T’ang (618-907, et 923-936) marquent le Tonkin de leur empreinte par le Gouvernement de Kao-P’ing (Cao-Biên), la fondation de Dai-La et une forte organisation administrative. Cependant de nombreux soulèvements ont lieu.

Ce fut alors la longue nuit de l’histoire du Viêt-Nam, une nuit de dix siècles, au cours desquels la civilisation chinoise allait solidement s’implanter dans le pays. Il y eut, certes, de nombreux soulèvements, comme ceux des Soeurs Trung en 39-43 après JC, de Triêu-Au en 248, de Ly-Bôn en. 544, de Phùng-Hung en 791, mais les uns furent vite réprimés, tandis que les autres ne connurent qu’un succès éphémère.

III.  L’indépendance nationale

Cette période d’une durée de mille ans environ peut être divisée en quatre grandes époques.

Les grandes dynasties nationales (939- l789) ;

La guerre de sécession et l’unification territoriale (1627-1862) ;

La colonisation française (1862-1945) ;

Le recouvrement de l’indépendance nationale (depuis 1945).

A./ Les grandes dynasties nationales

Il fallut attendre jusqu’au Xe siècle pour que prit fin la longue domination chinoise. Par la célèbre victoire de Bach-Dang, en l’année de grâce 939, Ngô-Quyên chassa les Chinois du pays et fonda la première dynastie nationale. Pendant dix siècles, huit dynasties allaient se succéder sur le trône du Viêt-Nam, avec la même volonté d’organiser et d’agrandir le royaume.

– Dynastie des Ngô (939-967). 
La capitale du pays est à Cô-Loa. En 944, à la mort de Ngô-Quyên, fondateur de la dynastie, le royaume tombe dans l’anarchie et est partagé entre douze seigneurs. C’est la période des douze Su-quân.

– Dynastie des Dinh (968 – 980). 
De cette anarchie sortira le premier roi vietnamien vraiment indépendant : Dinh-Tiên.-Hoàng (963-979) qui fonde la dynastie des Dinh. Le royaume prend le nom de Dai-Cô-Viêt

– Dynastie des Lê antérieurs (980 – 1009). 
Marquée par les luttes contre la Chine et le Champa et la soumission des éléments de trouble à l’intérieur.

– Dynastie des Ly antérieurs (1010 – 1214). 
La capitale est fixée à Thang-Long (Hanoi) en 1010. Poursuite des luttes contre la Chine et le Champa, effort d’unification du pays (des ministres), organisation militaire, administrative, économique du pays. Grande prospérité du Bouddhisme. Le royaume s’appelle Dai-Viêt (de 1054 à l164) puis Annam jusqu’en 1802.

– Dynastie des Trân (1225 – 1400). 
Poursuite de l’oeuvre d’unification et d’organisation.. Luttes victorieuses contre les Mongols au cours desquelles se distingue le Maréchal- Prince Trân-Hung-Dao, devenu héros national. Le pays prend le nom d’An-Nam (l164) qu’il gardera jusqu’en 1802. Lutte contre les pays indouisés : Ai-Lao et surtout Champa.

– Dynastie des Hô (1400 – 1407). 
Hô-Qui-Ly usurpe le trône. Le pays est la proie de troubles intérieurs graves ; les Chinois s’immiscent dans les affaires intérieures.

– Domination chinoise des Ming (1407 –  l427). 
Les Ming finissent par contrôler l’AnNam de 1407 à 1427.

– Dynastie des Lê (1428 – 1789). 
Lê-Loi partant de Lam-Son (Thanh-Hoa) chasse les Chinois dominateurs après une lutte acharnée de dix ans. Il fonde en 1428 la dynastie des Lê marquée par les faits suivants :
– organisation militaire, administrative et judiciaire (code des Lê) très poussée ;
– développement de la littérature et des études historiques et géographiques. Les ouvrages sont écrits en caractères chinois ou en écriture démotique (nôm). Les écrivains les plus renommés du Viêt-Nam ont vécu sous cette dynastie ;
– triomphe du confucianisme et de la doctrine des lettrés ;
– introduction du christianisme par les missionnaires européens. Contacts des vietnamiens avec les commerçants et aventuriers étrangers ;
– création du système de transcription quôc-ngu par le Père Alexandre de Rhodes ;
– victoire définitive sur le Champa. Occupation du Sud Viêt-Nam au moyen de mariages dynastiques. Mariage de princesses vietnamiennes avec les rois du Champa et du Tchen-La ;
-luttes entre les seigneurs du Nord (Trinh) et les seigneurs du Sud (Nguyên).

– Dynastie des Nguyên (1802 – 1945)

Gia-Long
Thê Tô
Cao Hoang-Dê
Gia-Long
08/02/1762
03/02/1820

Gia Long (1802-1820) Thang Chung, Nguyen Phuoc Anh ou Nguyen Anh. Né à Hué en 1759, neveu cadet du seigneur de Hué, Dinh Vuong.  Après avoir défait les seigneurs du Nord et la dynastie des Tây-Son (1788-1802), fonde la dynastie des Nguyên. Le royaume s’appelle Viêt-Nam de 1804 à 1820, Dai-Nam à partir de 1820.Il eut 31 enfants (13 fils et 18 filles).


Minh-Mang
Thanh Tô
Nhân Hoang-Dê
Minh-Mang
25/05/1791
20/01/1841

Minh Mang (1820-1840) Nguyen Phuoc Dam. Né en 1791, 4ème fils de Gia Long, législateur rigide, il entame durant son règne une politique aux antipodes de celle de son père, anti-européenne et anti-chrétienne (en 1825, il lança les premiers édits de persécution contre les Chrétiens), et centralisa trice. Prince éclairé, actif, pourvu de talents d’administrateur, il fit exécuter de nombreux travaux d’utilité publique, réglementa les études, etc. Il mourut d’une chute de cheval. Il eut 142 enfants (78 fils et 64 filles) dont Prince Tuy Ly et Prince Tung Thien.


Hiên Tô
Chuong Hoang-Dê
Thiêu-Tri
16/06/1807
04/10/1847

Thiêu Tri (1840-1847) Miên Tong ou Nguyen Phuoc Hoang Thi. Fils aîné de Minh Mang, né en 1807, il poursuivit la politique de son père et mourut d’une attaque d’apoplexie provoquée, paraît-il, par la fausse nouvelle que des navires français se disposaient à bombarder les côtes vietnamiennes. Monarque peu ouvert aux idées réformistes, il se montra résolument hostile à la présence, il est vrai de plus en plus dissolvante, des Européens. Il est réputé avoir fait détruire les objets d’origine occidentale dans le palais. Sous son règne, le Viêt Nam atteignit sa plus grande extension car en 1846, le Cambodge lui aurait cédé la Cochinchine. Il eut 64 enfants (29 fils et 35).


Tu-Duc
Duc Tông
Anh Hoang-Dê
Tu-Duc
22/09/1829
19/07/1883

Tu Duc (1847-1883) Nguyen Phuoc Hoang Nham. Né en 1829, fils cadet de Thiêu Tri et d’une femme de la province de Go Cong (Cochinchine), il fut couronné en novembre 1847 au dépend de son frère aîné Hong Bao, qui fomenta une révolte en 1848. La réaction de Tu Duc fut très violente ; il fit exécuter son frère ainsi que toute sa famille. Accusés de complicité dans ce soulèvement écrasé dans le sang, les chrétiens eurent à subir de nouvelles persécutions. Sa politique anti-religieuse offrit à la France et à l’Espagne un prétexte pour intervenir. Son règne fut endeuillé non seulement par le démembrement progressif du Viêt Nam, mais aussi par le fait que l’Empereur ne put avoir d’héritier. En 1845, la variole suivie d’une complication testiculaire le rendit stérile. Ceci explique les graves crises dynastiques à venir.


Cung Tông
Huê Hoang-Dê
Duc-Duc
11/02/1853
24/10/1884

Duc Duc (1883) Fils du Prince Thoai Thai Vuong (+1877), le frère cadet de Tu Duc. Adopté par ce dernier, il lui succéda en juillet 1883, sous le contrôle d’un conseil de régence (dont Nguyen Van Tuong et Ton That Thuyêt). Trois jours après son avènement, il fut déposé et condamné par la cour de Huê à mourir de faim à cause de sa « débauche » (n’avoir pas suivi les prescriptions du deuil et du jeûne). Muré dans un ancien pavillon de repos de son prédécesseur, appelé depuis pavillon Duc Duc, il y meurt au bout d’une semaine. Ce pavillon situé dans l’enceinte de la Citadelle, à l’ouest de la Cité Interdite, fut transformé en pagode à sa mémoire.


Hiep-Hoa
Hiêp Hoa
01/11/1847
29/11/1883

Hiep Hoa (1883) Fils de Thieu Tri, son avènement eut lieu le 30 juillet 1883. Soupçonnant l’ambition des deux régents déjà évoqués et désireux de se soustraire à leur emprise, il fut néanmoins empoisonné en novembre 1883 après quatre mois de règne. Certains disent qu’il aurait été étouffé par une de ses concubines.


Giang Tông
Nghi Hoang-Dê
Kiên Phuc
12/02/1869
31/07/1884

Kien Phuc (1883-1884) Né en 1868, fils du prince Kien Thai Vuong (+1876), fils adoptif de Tu Duc, cousin de Duc Duc et neveu de Hiep Hoa. Il règne à l’âge de 15 ans (dès novembre 1883) sous la tutelle du Conseil de Régence. Mesurant la faiblesse de la cour qui, en pleine crise, ne parvenait pas à régler le problème de la piraterie, la France en profita pour mettre la main sur le Tonkin, substituant son protectorat à la suzeraineté chinoise (juin 1884). En juillet, après une courte maladie, l’empereur mourut. Certains pensent que pour n’avoir pu s’opposer au coup de force des Français, il fut soit empoisonné par Nguyen Van Tuong (1er régent), dont le fils avait épousé une des sœurs de l’empereur, soit étranglé par son beau-père Trân Thiên Thanh (3ème régent).


Ham-Nghi
Hiên Tô
Chuong Hoang-Dê
Ham-Nghi
03/08/1871
04/01/1943

Ham Nghi (1884-1885) Né à Hué en 1870, frère de Kiên Phuc, couronné roi d’Annam avec l’assentiment de la France le 2 août 1884 à l’âge de 13 ans, sous la tutelle des régents Tuong et Tuyêt. Lors du guet-apens de Hué, la nuit du 4 au 5 juillet 1885, il prit la fuite avec Tuyêt et se réfugia avec des mandarins (dont le père d’Hô Chi Minh ) à Cam-lo où des approvisionnements avaient été préparés et d’où fut dirigée l’insurrection contre le protectorat (mouvement Can Vuong). Ham Nghi fut déchu du trône et remplacé par Dong Khanh. Traqué par le capitaine Boulangié de l’escouade des chasseurs annamites, chef de poste de Tha-nac, il fut livré par des Muong, en décembre 1887, à Ta-bao, petit village du Haut Giai, après trois années d’errance dans les provinces de Nghê-tinh et du Thanh-hóa. Exilé en Algérie (1888), il y sera connu sous le nom de Prince d’Annam. Il se marie en 1904 avec une jeune pied-noir d’Alger, fille du procureur général. Il mourut en 1947.


Dong-Khanh
Dong Khanh
19/02/1864
28/01/1889

Dong Khanh (1885-1889) Né en 1862, neveu et fils adoptif de Tu Duc, frère aîné de Kiên Phuc et Ham Nghi, couronné le 20 septembre 1885 à l’âge de 23 ans. La révolte des lettrés, dont son prédécesseur Ham Nghi était le symbole, fit de lui un souverain discuté pendant que la France grignotait la souveraineté interne du Viêt Nam, dénaturant l’esprit du Traité de Protectorat de juin 1884 : en novembre 1887 fut créée l’Union Indochinoise dirigée par un gouvernement français (il disposait, seul fonctionnaire avec le président de la République, du droit de grâce). L’empereur, malgré son isolement et son manque d’expérience politique, rechercha auprès de l’autorité coloniale les moyens de moderniser le pays. Malade et déçu du mauvais vouloir de la France, il mourut le 28 janvier 1889 de fièvre paludéenne, et non d’empoisonnement comme le bruit en avait couru.


Thanh-Thai
Thanh-Thai
14/03/1879
09/03/1955

Thanh Thai (1889-1907) Fils de Duc Duc, né à Hué en 1879 sous le nom de prince Buu Lan, il succédait à Dong Khanh car petit-fils de Tu Duc. Proclamé empereur le 1er février 1889, à l’âge de 10 ans. Sous son règne, le Viêt Nam perd ce qui lui reste de souveraineté: le Tonkin est administré par un Résident Supérieur Français, et le Conseil des ministres (Co Mat Viên) présidé par le Résident Supérieur de Hué. Accusé d’avoir dépassé les bornes de la bienséance dans la vie privée, puis de démence dangereuse, il fut déposé par ordre du gouvernement français en septembre 1907, exilé à Vung-tàu, puis à la Réunion. Il retournera au Viêt Nam en mai 1947 pour y mourir en mars 1954.


Duy-Tan
Duy-Tân
19/09/1900
25/12/1945

Duy Tan (1907-1916) Né en 1899. Qui a tué le prince Duy Tan ?  En avril 1987, grâce à la volonté de ses enfants et à l’aide importante de M. Jacques Chirac, les restes mortels de l’empereur Duy Tan font l’objet d’une exhumation en Afrique et sont transférés à Hué au Viêt Nam. Une importante cérémonie marque l’événement et Duy Tan repose depuis auprès de ses ancêtres. Détrôné en 1916, il n’a jamais abdiqué, à ce titre, il demeure le dernier empereur d’Annam.


Khai-Dinh
Khai-Dinh
08/10/1885
06/11/1925

Khai Dinh (1916-1925) Né avec le titre de Buu Dao, en 1885. Fils unique de Dong Khanh, proclamé empereur le 18 mai 1916, à l’âge de 31 ans. Choisi dans des circonstances difficiles, il eut à lutter pour affirmer une souveraineté érodée par l’administration française. Cherchant à développer un empire moderne, il supprima les concours de lettrés devenus sans rapport avec la réalité contemporaine. Il fut le premier souverain vietnamien à accomplir un voyage en France où il espérait faire comprendre le désir d’autonomie du Viêt Nam par le retour à un véritable protectorat. Frappé d’impuissance, il ne put procréer et ne laissa point d’enfant. Il mourut en novembre 1925.


Bao-Dai
Hoang Dê
Bao-Dai
22/10/1913
31/07/1997

Bao Dai (1925-1945) Né prince Vinh Thuy en 1914, fils adoptif de Khai Dinh, couronné en juillet 1926, à 12 ans. Séjourne plusieurs fois en France. Se heurte à l’administration qui le confine dans un rôle représentatif. En août 1945, il abdique et le nouveau régime Viêt Minh le nomme Conseiller Suprême. En 1946, il s’installe à Hong Kong. La France fait appel à lui en 1948, considérant son abdication comme un intermède sans portée. La défaite de Diên-biên-phu permet aux Etats-Unis de placer à la tête du pays Ngô Dinh Diêm qui chasse l’empereur le 23 octobre 1955 par un référendum truqué. Il était détenteur du sceau impérial jusqu’à son décès en juillet 1997 à Paris.


B./ La guerre de Sécession et l’unification territoriale.

Le Viêt-Nam aurait pu connaître quelques siècles de répit, sans cette rivalité plusieurs fois séculaire entre les Seigneurs Trinh au Nord et les Seigneurs Nguyên au Sud, qui narguaient l’autorité des rois Lê et constituèrent deux fiefs indépendants, au détriment de l’unité nationale. Ces rivalités mirent le pays à feu et à sang dès 1627 et durèrent jusqu’en 1775, date à partir de laquelle ces deux familles connurent la décadence.
Heureusement, l’esprit qui animait les premiers Viêt était resté le même. Dans les moments les plus critiques de l’Histoire, des patriotes clairvoyants apparurent toujours au bon moment pour opérer la réunification du Pays.
C’est ainsi que de la masse paysanne surgirent les Frères Tây-Son, qui profitèrent des divisions intérieures pour lever l’étendard de la Libération. Ils chassèrent en même temps les Nguyên et les Ming et mirent en fuite le dentier souverain des Lê. L’un d’entre eux, Nguyên-Huê, se proclama Empereur, sous le nom de Quang-Trung, et avec lui le pays retrouva son unité première. Malheureusement il mourut en 1792, sans pouvoir assurer la pérennité de la dynastie.
Entre temps, dans le Sud, Nguyên-Anh, le successeur des Seigneurs Nguyên, reprenait l’attaque contre les Tây-Son, de plus en plus affaiblis, et parvenait en 1801 à unifier à nouveau le pays, après 27 années de lutte. Il se proclama alors empereur en 1802 et prit comme nom de règne celui de Gia-Long, raccourci de Gia-Dinh (Basse-Cochinchine) et Thang-Long (capitale du Nord Viêt-Nam) ; il adopta comme appellation nationale celle de Viêt-Nam, pour bien signifier qu’elle englobait à la fois les territoires de l’ancien An-Nam (le Tonkin proprement dit) et le Viêt-Thuong correspondant à l’ancien Cham-pa, auquel devait s’ajouter la Basse-Cochinchine.
A partir de Gia-Long, le Viêt-Nam allait connaître une courte période de paix qui devait être interrompue vers la seconde moitié du XIX° siècle par l’irruption d’escadres françaises dans ses eaux territoriales.

C./ La colonisation française.

L’immixtion des amiraux français dans le domaine politique suivie d’interventions militaires à l’intérieur des frontières de la nation, allait aboutir à la signature des traités de 1862 et 1874 plaçant le Viêt-Nam sous le tutelle de la France.
Le royaume de feu l’empereur Gia-Long fut intégré dans une entité géographique appelée « Indochine Française » englobant deux autres pays : le Cambodge et le Laos.
Pour des raisons de commodité administrative, le Viêt-Nam était aussitôt scindé en trois parties : le Tonkin au Nord, l’Annam au Centre et la Cochinchine au Sud. Tandis que la Cochinchine était directement gouvernée par les autorités françaises en tant que colonie, le Tonkin et l’Annam, devenus protectorats français, conservaient une certaine autonomie incarnée par un empereur, descendant des Nguyên, qui détenait un pouvoir plutôt symbolique.
Cette abdication de la souveraineté notionnelle devait entraîner les patriotes vietnamiens dans une lutte sans répit contre la France, lutte concrétisée par de nombreux et fréquents soulèvements armés à travers tout le royaume.
Il fallut cependant attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour voir le Viêt-Nam accéder à l’indépendance à la faveur de la conjoncture internationale.

D./ Le recouvrement de l’indépendance.

A la suite de la neutralisation de l’autorité française, le 9 mars 1945, par les forces japonaises stationnées au Viêt-Nam, un premier gouvernement national, présidé par le professeur Trân-Trong-Kim, s’installait à Hué, en avril de la même année. Par la suite, plusieurs gouvernements se succédèrent à une cadence assez rapide, chacun d’eux ayant dû faire face à de nombreuses difficultés sur le plan interne aussi bien que sur le plan extérieur.
-Cette accession de fait à l’indépendance n’en restait pas moins sans valeur sur le plan international. Ce n’est que dix ans plus tard, c’est- à-dire le 4 Juin 1954, que le Gouvernement de la République Française avalisait juridiquement l’indépendance du Viêt-Nam, lequel, par voie de conséquence, recouvrait légalement à cette date ses frontières historiques, telles qu’elles figuraient dans les relevés topographiques officiels de 1862.
La grande joie du peuple vietnamien fut de courte durée. En effet, le destin du pays n’en était pas pour autant scellé : un mois plus tard, le 21 Juillet 1954 exactement la Conférence de Genève, entérinant les accords de cessez-le-feu intervenus entre la France et le Viêt-minh, décrétait la scission du territoire national en deux portions à peu près égales, selon une ligne de démarcation constituée par le 17e parallèle, approximativement à la hauteur de la Rivière Bên-Hai, dans la province de Quang-Tri (Centre Viêt-Nam).

Les provinces se trouvant au Nord de cette rivière relèveraient désormais de la République Démocratique du Viêt-Nam, tandis que les territoires situés au Sud allaient passer d’abord sous la juridiction de l’Etat du Viêt-Nam, ensuite sous celle de la République du Viêt-Nam fondée le 26 Octobre 1955, après un référendum populaire.

Enfin, le 1er Novembre 1963 une grande révolution menée conjointement par l’armée et le Peuple, réussit à renverser le régime dictatorial de Ngô-Dinh-Diêm et à instaurer la Seconde République. Depuis lors, plusieurs gouvernements civils et militaires se sont succédés à Saigon.

1963 : Intervention militaire des Etats Unis
1973 : Accord de Paris.
1975 : Fin de la guerre civile. 30 avril 1975 : La chute de Saigon. Début d’un million de boat-people…
1976 : Proclamation de la « République Socialiste du Vietnam »